Les "tafs" à côté.

C’est un genre de boucle infernale:

Vivre de sa passion oui, mais pas à n’importe quel prix.

Faire un petit boulot « à côté » (je mets bien des guillemets hein, parce que finalement ce petit boulot, il prend 40heures de nos semaines VS les quelques heures à côté (pour de vrai) qu’il nous reste pour danser, peindre, chanter, colorier, et jouer à cache-cache.

En plus de devoir donner 35/40heures de nos semaines a des inconnus, autre défi :

Génération de gens perdus au travail, on n’aime pas le 9 à 5, on n’aime pas les structures, on est tous artistes, on fait des photos en noir et blanc avec de jolies phrases qu’on poste sur des comptes Instagram et “bim, je suis un créatif”. Bref, le futur de l’emploi c’est l’auto-entreprenariat, etc etc etc.

Oui mais le problème c’est que travailler depuis son canap’ ce n’est pas motivant. Travailler pour soi-même… ça peut l’être. Mais plus on veut être indépendant et plus on est… seul.

Si le futur du travail, c’est d’être seul face à un ordinateur, j’imagine que le futur des relations humaines passe aussi à travers de petits écrans… ah mais attends, est-ce que ce n’est pas le présent ?

Alors comment on fait pour vivre des choses, trouver l’inspiration, avoir le temps et l’énergie de passer de rêve a projet, de projet a réalité ?

Et l’art dans tout ça ? et bien l’art on essaye de le caler entre deux « Skype calls », c’est limite s’il ne nous faudrait pas une application pour faire de l’art, ou pour planifier sa journée pour y caler de l’art.

Quand on s’enferme dans notre boite de 9 à 5, de 5 à 22 ou que sais-je encore, concrètement c’est comme si on posait un plan a notre Muse.

Hein ?

Oui oui, vous voyez, ce truc qu’on appelle la « contemplation ». Flâner, prendre son temps, visiter, se perdre, rêver. Les coups de génie sont l’œuvre de nos émotions, et si certains sont capables de pondre un chef d’œuvre sur un coin de table en 15minutes, Beethoven n’a peut-être pas écrit la symphonie N#5 a la pause « déj » entre deux rendez-vous. Ni le soir après une journée de 12 heures de travail… pour quelqu’un d’autre.

Pour créer il faut être inspiré, pour être inspiré il faut vivre, pour vivre il faut.. ralentir. Laisser le cerveau se perdre, laisser le cerveau se taire, et laisser la veine créative s’exprimer.

« J’veux bien ralentir mais tu taf à ma place pour payer mon loyer ? »

Le problème ce n’est pas la quantité de temps c’est ce que l’on en fait :

Essayez de faire votre trajet quotidien, celui qui vous amène au charbon, sans musique ou téléphone dans les mains, sans livre.

Une heure pour contempler, tous les matins. Une heure pour jouer, imaginer la vie des autres, imaginer des scenarios « et là, a la prochaine station, y’a Jacques Brel qui va rentrer dans le wagon, chanter la valse a mille temps, et on se mettra tous à faire des claquettes entre les strapontins ».

« Oui mais à quoi ça sert ? »

A nourrir l’enfant qui vit en chacun de nous, à entrainer son cerveau, à travailler ce muscle qu’est la créativité, à faire taire la disquette universelle qui dit « trouve toi un travail au lieu de rêver ». Parce que c’est juste un moyen de plus de nous enfermer dans la matrice. Et c’est tellement efficace que les aigris se propagent plus vite que les artistes.

Et si le taf à cote peut tuer tout un tas de libertés… on peut bien au moins, lui faire de la résistance intérieurement.

Alors si vous voulez sauvez le monde… ne faites RIEN.

Justement. Dès que vous en avez l’occasion. Sauf si vous voulez que « le taf à cote », se transforme en « l’art à coté ».

Magdalena Marszalek